
La grossesse, c’est tout un marathon… ou plutôt 30 !
On le dit souvent à la blague, mais c’est véridique : porter un enfant demande autant d’énergie que de courir 30 marathons… en 9 mois ! C’est presque un marathon par semaine ! Le corps de la femme fournit un effort incroyable pour faire grandir un bébé et le mettre au monde.
Pas étonnant que ce processus s’accompagne parfois d’inconforts, de douleurs ou de déséquilibres.
Mais une vraie question se pose :
Est-ce vraiment « normal » d’avoir mal pendant la grossesse ou après l’accouchement ?
On a souvent tendance à banaliser les douleurs de grossesse ou de post-partum :
« C’est normal, tu es enceinte »,
« Ça va passer après l’accouchement »,
« C’est le lot de toutes les mamans ».
Et pourtant… ce n’est pas une fatalité.
La grossesse et la période post-partum peuvent (et devraient) être vécues dans le confort, la confiance et la sérénité.
C’est même un moment clé pour prendre soin de soi, pour soutenir son corps dans tous les changements qu’il traverse, et pour prévenir que certains problèmes s’installent à plus long terme.
Pourquoi ce guide ?
Ce petit guide a été conçu pour vous offrir un aperçu des douleurs les plus fréquentes pendant la grossesse et après l’accouchement :
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Pourquoi elles apparaissent,
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Ce qu’elles signifient,
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Et surtout, ce que vous pouvez faire pour les prévenir ou les soulager.
Ce n’est pas un outil pour s’auto-diagnostiquer, mais bien un support pour mieux comprendre votre corps.
👉 Pour toute question ou inquiétude, parlez-en à un professionnel de la santé.
L'ÉTAPE DE LA BEDAINE
Si vous êtes enceinte ou souhaitez le devenir, cette section est pour vous. Bien que plusieurs problèmes soient abordés, le but n’est pas de vous faire peur. Il s'agit de vous outiller pour comprendre ce qui pourrait survenir et surtout, comment prévenir ou soulager ces inconforts
Maux de tête
Les maux de tête sont plus fréquents pendant la grossesse qu’on le croit. Les variations hormonales, le volume sanguin, les tensions cervicales… tout cela peut en être la cause.
Comment prévenir ?
Les causes étant variées, la prévention l’est aussi : buvez beaucoup d’eau, mangez régulièrement et sainement pour éviter les baisses de sucre, dormez suffisamment (la grossesse demande autant d’énergie que courir 30 marathons en 9 mois !), surveillez votre posture cervicale.
J’ai déjà mal, je fais quoi ?
Commencez par boire plus, manger des collations saines régulièrement, dormir davantage et surveiller votre posture. Si vous avez aussi mal au cou, un traitement manuel peut aider. En cas de maux persistants, consultez votre gynécologue/infirmière pour évaluer la situation ou vous prescrire un médicament sécuritaire. Votre pharmacien·ne peut aussi être de bon conseil.

Douleur au bas du dos qui peut descendre dans la jambe
Les causes peuvent être multiples, mais elles sont souvent liées à plusieurs facteurs : le poids du ventre qui tire le bas du dos vers l’avant, augmentant le stress sur les articulations ; les changements de posture et de poids qui sollicitent davantage les muscles ; la possibilité de compressions nerveuses ou de spasmes musculaires. De plus, le bassin se prépare à l’accouchement : les articulations deviennent plus mobiles, rendant les douleurs plus susceptibles de s’installer. En cas de scoliose, le stress est encore plus important, car les vertèbres ne suivent pas une répartition optimale du poids. (Voir l’article sur les scolioses pour plus de détails.)
Comment prévenir ?
La meilleure prévention est d’être active avant la grossesse : 150 minutes d’activité cardiovasculaire modérée par semaine et des séances de renforcement musculaire 2 à 3 fois par semaine d’au moins 30 minutes. Cela dit, il n’est jamais trop tard pour commencer. Même en fin de grossesse, l’activité physique peut être bénéfique pour réduire les douleurs, prévenir le diabète de grossesse et faciliter l’accouchement. Si vous êtes débutante, consultez un·e kinésiologue spécialisé·e en périnatalité pour adapter l'entraînement à votre condition.
J’ai déjà mal, je fais quoi ?
Il peut être judicieux de consulter en kinésiologie, mais aussi d’ajouter un professionnel pour traiter la douleur à la source : chiropraticien·ne, physiothérapeute (idéalement en périnatalité pour le plancher pelvien), ostéopathe, massothérapeute, etc. (Voir notre article pour vous aider à choisir.)
Douleur au haut du dos et au cou
Avec l’augmentation du poids du ventre, le bas du dos se cambre davantage. Le haut du dos doit compenser, ce qui accentue sa courbure inverse tout en soutenant la poitrine alourdie. Cela génère du stress articulaire et musculaire, dans une posture qui change rapidement. Le cou n’est pas épargné : il compense lui aussi.
Comment prévenir ?
Il est impossible d’éviter complètement le changement de posture causé par la grossesse. Cependant, on peut atténuer ses effets avec des exercices de renforcement ciblés, idéalement commencés avant ou au début de la grossesse. Plus tôt on commence, mieux c’est.
J’ai déjà mal, je fais quoi ?
Un·e kinésiologue peut recommander des exercices pour stabiliser les douleurs. Si celles-ci limitent votre quotidien, n’hésitez pas à consulter un professionnel de la douleur (chiropraticien·ne, physiothérapeute périnatal·e, ostéopathe, massothérapeute, etc.).
Douleur aux côtes
Ce n’est pas un secret : durant la grossesse, le ventre prend de l’expansion, et les côtes doivent s’ajuster. Elles bougent pour créer de l’espace au bébé. Cette adaptation engendre du stress articulaire et des étirements ou compressions musculaires, selon l’endroit.
Comment prévenir ?
Cette douleur est parfois imprévisible, selon la taille du ventre, la position du bébé et votre anatomie. On peut toutefois étirer régulièrement les muscles intercostaux, éviter les longues périodes assises (voiture, avion…) et demander conseil à un·e professionnel·le.
J’ai déjà mal, je fais quoi ?
Consultez si la douleur devient limitante dans votre quotidien. Des professionnels peuvent vous aider à soulager les tensions.
Douleur aux seins
Les douleurs aux seins sont très fréquentes durant la grossesse. Le tissu mammaire se développe, causant des tensions dans les tissus environnants.
Comment prévenir ?
Portez un soutien-gorge adapté, idéalement sans armature, pour éviter les points de pression. Buvez souvent pour réduire la rétention d’eau, qui peut aggraver les douleurs. Il n’est pas rare de devoir changer de taille durant la grossesse.
J’ai déjà mal, je fais quoi ?
Adaptez votre soutien-gorge, hydratez-vous, appliquez des compresses chaudes ou froides, et essayez la méthode des feuilles de chou (eh oui, ça fonctionne !). Consultez rapidement votre médecin si la douleur est très forte ou si vous avez des écoulements anormaux (sang, pus…).
Douleur au pubis
Souvent associée à la symphyse pubienne (l’articulation avant du bassin), cette douleur survient parce que le corps prépare l’accouchement. L’articulation devient plus mobile, ce qui peut entraîner de l’irritation. On peut aussi la retrouver après l’accouchement.
Comment prévenir ?
Être active avant la grossesse est idéal. Si vous avez des antécédents de douleurs ou une sensibilité, demandez conseil à un·e kinésiologue spécialisé·e. Certains exercices (fentes, step-ups, etc.) peuvent aggraver le problème.
J’ai déjà mal, je fais quoi ?
Ajoutez un professionnel à votre suivi pour traiter la zone : chiropraticien·ne et physiothérapeute périnatal·e sont particulièrement indiqués.
Douleur poignets et mains
Pourquoi ? Le syndrome du canal carpien est fréquent : l'oedème comprime les nerfs dans le poignet.
Comment prévenir ?
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Réduire les mouvements répétitifs
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Éviter les postures extrêmes
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Bien s’hydrater
J’ai déjà mal, que faire ? Adoptez les mesures de prévention. Si douleur persistante, consultez rapidement un professionnel (chiropraticien, physio, etc.).
Douleur aux pieds
Pourquoi ? La prise de poids rapide et la laxitude ligamentaire rendent les pieds plus vulnérables.
Comment prévenir ?
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Activité physique préalable
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Chaussures bien ajustées
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Bas de contention si recommandés
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Hydratation
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Éviter les longues stations debout
J’ai déjà mal, que faire ? Massage avec balle ou bouteille d'eau congelée (avec bas). Si douleur persistante : massothérapie, chiropraticien, physiothérapeute ou ostéopathe.

L’ÉTAPE DE LA NOUVELLE MAMAN
Super, l’étape souvent redoutée de l’accouchement est derrière vous, et vous tenez maintenant dans vos bras votre plus bel accomplissement. Vous voudriez sans doute tout donner pour le bien-être de votre bébé… mais n’oubliez pas : pour bien prendre soin de lui, vous devez aussi prendre soin de vous. Votre corps vient de traverser une aventure extraordinaire — il mérite toute votre attention, votre douceur et vos soins.
Voici quelques douleurs ou inconforts fréquents après l’accouchement (certaines douleurs apparues pendant la grossesse peuvent aussi persister) et des conseils pour les prévenir ou les soulager.
Douleur à l’épaule (souvent d’un seul côté)
Il n’est pas rare que les nouvelles mamans développent une préférence pour un côté lorsqu’elles tiennent leur bébé. Peut-être avez-vous remarqué que vous bercez, allaitez ou regardez votre coco toujours du même côté, les yeux pleins d’amour. Ce geste, aussi naturel soit-il, sollicite beaucoup votre épaule, ce qui peut engendrer des douleurs.
Comment prévenir ?
La meilleure prévention est de porter attention à l’ergonomie dès les premières tétées. Varier le côté aussi souvent que possible (ce qui est d’ailleurs bon pour bébé aussi), et éviter d’enrouler les épaules. Avoir renforcé les muscles du dos avant l’accouchement est aussi un excellent facteur de protection.
J’ai déjà mal, je fais quoi ?
Commencez par corriger votre posture lors de l’allaitement ou du biberon, et lorsque vous portez votre enfant. Si la douleur persiste, une consultation peut être nécessaire pour obtenir des exercices ciblés, corriger votre posture et relâcher les tensions.
Douleur au coccyx
Cette douleur apparaît souvent après un accouchement vaginal long. Le bébé doit passer devant le coccyx, et si le passage est lent, les ligaments qui soutiennent cette région peuvent être irrités. Résultat : s’asseoir devient très douloureux.
Comment prévenir ?
La prévention reste difficile, puisque chaque accouchement est unique. Ce que vous pouvez faire : consulter une physiothérapeute périnéale durant le deuxième trimestre afin de préparer votre plancher pelvien. Cela vous donne le temps de corriger ce qui doit l’être avant l’accouchement. Aussi, prenez le temps de préparer un plan de naissance qui vous ressemble. Mais n'oubliez pas : donner naissance est déjà un immense accomplissement. Pas besoin d’y ajouter de pression.
J’ai déjà mal, je fais quoi ?
Le traitement efficace passe par une consultation en chiropratique ou en physiothérapie périnéale. Dans les deux cas, il est probable que cela implique un traitement interne. Si cela vous inquiète, n’hésitez pas à poser vos questions et à en discuter ouvertement avec votre professionnel·le.
Douleur au poignet (surtout côté pouce et avant-bras)
Comme pour l’épaule, on adopte souvent une position préférentielle pour tenir bébé. Dans le souci de le protéger, on finit par plier exagérément le poignet, ce qui crée une irritation. Résultat : une douleur du côté du pouce et de l’avant-bras, souvent vive et handicapante.
Comment prévenir ?
Soyez attentive à votre posture dès les premières semaines : variez les côtés pour nourrir bébé, évitez d’enrouler les épaules et limitez les flexions extrêmes du poignet. Un porte-bébé peut aussi être une bonne option pour répartir le poids de manière plus ergonomique.
J’ai déjà mal, je fais quoi ?
Mettez en place les mesures de prévention : variez les côtés, utilisez un porte-bébé, surveillez la position de vos poignets. Si la douleur devient limitante, consultez rapidement : cette condition peut s’aggraver et durer. [Clique ici pour t’aider à choisir le bon professionnel.]
Diastase (ventre en cône ou “mommy pouch”)
Sans surprise, être enceinte implique que le ventre s’agrandisse. Les muscles grands droits (les fameux abdos "tablette de chocolat") doivent s’écarter pour laisser place au bébé. Après 35 semaines de grossesse, une diastase est normale. Le problème, c’est quand elle persiste après l’accouchement. Cela peut engendrer des douleurs lombaires, une faiblesse du tronc, et même des troubles digestifs.
Comment prévenir ?
Toutes les femmes développeront une certaine diastase, mais son ampleur varie. Dès la grossesse, il est possible de pratiquer des exercices d’activation du transverse adaptés à chaque trimestre. Un·e kinésiologue ou physiothérapeute spécialisé·e peut vous guider. Le retour à l’entraînement après l’accouchement est un moment-clé : bien géré, il peut aider à refermer la diastase… mal géré, il peut l’aggraver. En cas de doute, faites-vous accompagner.
Fuites urinaires et prolapsus
Tu as probablement déjà entendu une femme dire que c’est normal d’avoir des fuites urinaires quand on éternue après avoir eu un enfant. Eh bien, non, ce n’est pas normal — et oui, c’est traitable. Plus c’est pris tôt, plus c’est simple à traiter… mais même une femme de 70 ans qui vit avec ce problème depuis ses grossesses peut encore améliorer la situation. Il n’est jamais trop tard pour prendre soin de soi.
Comment prévenir et traiter ?
Après l’accouchement, reste à l’écoute de ton corps. Si tu ressens une sensation de boule vaginale, une lourdeur pelvienne, ou que tu as des fuites urinaires, consulte rapidement en physiothérapie périnéale.
Voici quelques gestes de prévention à adopter :
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Évite de soulever des charges lourdes pendant les 6 premières semaines post-partum.
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Reprends graduellement tes activités physiques après cette période, de préférence avec l’aide d’un kinésiologue spécialisé en périnatalité.
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Quand tu vas aux toilettes, évite de pousser ou de retenir ta respiration.
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Les exercices de Kegel peuvent aider, mais rappelle-toi qu’il est aussi important de savoir relâcher que de contracter ton plancher pelvien.
Dépression et fatigue
La grossesse et le post-partum sont de véritables montagnes russes — autant sur le plan hormonal, émotionnel que dans ton quotidien. Ton corps change, ta routine aussi, et même ton identité peut être chamboulée. Le manque de sommeil, le peu de temps pour soi et les nouvelles responsabilités peuvent facilement gruger ton énergie… et ton moral.
Il est tout à fait normal de se sentir fatiguée ou dépassée. Mais si tu ressens que plus rien ne t’allume, que tu as un sentiment de détachement de ton bébé ou que des idées noires te traversent l’esprit, sache que tu n’es pas seule — et que tu n’as pas à vivre ça sans aide.
Tu as déjà accompli quelque chose de grandiose en mettant ton bébé au monde. Tu es déjà une super maman. Tu n’as pas besoin de prouver quoi que ce soit de plus. Si tu sens que tu as besoin d’aide, tendre la main est un acte de force, pas de faiblesse. Parfois, maman aussi a besoin qu’on prenne soin d’elle.
Ressources gratuites et confidentielles :
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Info-Social 811 : ligne d’écoute 24/7, anonyme et confidentielle
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Tel-Aide : 1 800 361-5085
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Ordre des psychologues du Québec : www.ordrepsy.qc.ca
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Ressources locales : Maison Bleue, centre périnatal, CLSC ou maison de naissance de ta région
En conclusion
Que tu sois en train de planifier une grossesse, en plein dedans, dans les premières semaines post-partum, ou que tes enfants aient plus de 10 ans, il n’est jamais trop tôt ni trop tard pour prévenir ou guérir. Ce qui compte, c’est d’avoir les bons outils… et de ne pas hésiter à demander de l’aide aux bons professionnels quand tu en as besoin.
Tu n’as pas à tout faire seule. Tu mérites toi aussi du soutien, du confort et du bien-être.
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